"Par les Temps qui courent", Marie Richeux
Céleste Germe et Maëlys Ricordeau : "Sur un plateau, la meilleure arme est la circulation de la parole"
France Culture, le 04 février • écouter le podcast
Poings plonge dans l'engrenage d'une relation de couple toxique. Un spectacle saisissant servi par la puissance mêlée des mots, du jeu et de la scénographie
La plume de Pauline Peyrade, d'une précision acérée et hypnotique, rencontre dans cette nouvelle mise en scène la créativité du collectif Das Plateau et de Céleste Germe, entre musique et art plastique. L'installation en miroirs mouvants démultiplie l'image de l'héroïne, à la fois narratrice et observatrice de son propre être fragmenté. Presque seule sur le plateau, l'homme est là aussi, fantomatique, en la présence d'Antoine Oppenheim, la magnifique Maëlys Ricordeau emporte le public dans un vertige de mots et d'images. Le regard fixe vers l'assistance, ses phrases mettant à nu ce personnage qui fera de sa vulnérabilité le terreau d'une révolte salutaire. [...] Sur un rythme implacable, Maëlys Ricordeau suspend soudain la salle immobile sur le fil d'un émotion unique, l'un de ces instants magiques dont seul le théâtre, écrin d'une humanité face à elle-même, détient le secret.
Marie-Valentine Chaudon, La Croix • lire l'article
TT Télérama
Les images se démultiplient, déréalisant les contours des deux acteurs au point que l'on croit voir plusieurs femmes sur la scène - la cohorte des victimes de violence conjugale. Rien ne se voit mais tout se dit dans ce spectacle frappant, porté par les deux comédiens et mis en scène avec autorité par Céleste Germe, qui sait plier le théâtre à sa loi.
Emmanuelle Bouchez, Télérama
Ah, je brûle pour Poings !
"Poings est un espace mental, on est totalement dans la tête de la femme. Les personnages sont Toi, Moi et Lui. Il s'agit d'elle, telle qu'elle se voit et telle qu'elle se ressent double, car elle est dissociée. Nous sommes dans sa sensibilité à elle" explique Pauline Peyrade. Et c'est exactement ce qui se traduit sur le plateau avec une sorte de dédoublement permanent de l'actrice entre Moi et Toi. Une façon subtile de creuser, décortiquer et entrer dans les méandres d'une mémoire traumatique. [...] Dans cet espace qui filtre avec l'onirisme, le regard du spectateur se perd, la réalité n'en est que plus dérobée, multiple, insaisissable. Tu te surprends, toi spectateur, à respirer, à haleter avec l'écriture.
Jean-Pierre Thibaudat, Blog Médiapart • lire l'article
Avec Poings, Das Plateau étrille les violences faites aux femmes
La représentation s'inscrit dans l'espace mental de la sidération. Le temps arrêté d'une dévoration où la femme hésite entre laisser faire et réagir, une croisée des chemins où elle doit puiser au plus profond d'elle-même pour oser s'exfiltrer dans un ultime sursaut de conscience d'une existence devenue tunnel d'humiliations (...) Aussi politique que salutaire, Poings documente l'urgence vitale d'éclater la bulle des intimités toxiques en accompagnant l'évasion de son héroïne jusqu'au seuil de sa reconstruction.
Patrick Sourd, Les Inrockuptibles • lire l'article
Traversée d'une relation de couple toxique et avilissante, Poings de Pauline Peyrade parvient à exprimer ce qui la sous-tend de manière juste, aiguë, profondément intime.
La metteuse en scène Céleste Germe et le collectif Das Plateau laissent voir l'au-delà de la surface des choses, jusqu'à l'échappée finale d'une femme qui se libère
Agnès Santi, La Terrasse • lire l'article
Il est des pièces plus indispensables que d'autres. La pièce Poings nous laisse KO debout, sonnés par la cruelle réalité vécue par une femme violée.
Ici, rien n'est montré, tout est dit. La scène du viol a une force dévastatrice porté par un monologue volontairement dénué d'émotion et magistralement interprété par Maëlys Ricordeau. La scène tire les larmes et le public, masculin ou féminin, se crispe. On est touché par le dégoût, on se fige en apnée, un vent glacial envahit les gradins. (...) C'est bluffant. (...) Poings de Pauline Peyrade, mise en scène par Céleste Germe, ne se résume pas à une pièce féministe, c'est juste une pièce universelle et indispensable sur ce que n'est pas l'amour.
Christian Vincent, La Voix du Nord
Avec Poings, l'autrice aborde frontalement la relation toxique, le viol conjugal et l'emprise psychologique au travers d'un polyptyque en cinq panneaux. Une audace formelle dont Das Plateau s'empare avec gourmandise et délicatesse.
Sous la houlette de Céleste Germe, le plateau devient le lieu de toutes les illusions. Maëlys Ricordeau incarne à la fois, Toi et Moi. Par un jeu de miroir et de reflet, le personnage féminin devient de plus en plus insaisissable. (...) Un travail de dentellière que Das Plateau magnifie, sans ne jamais rien céder sur le côté le plus cru de cet espace mental tourmenté.
Vincent Bouquet, Sceneweb, mars 2021 • lire l'article
Une mise en scène poignante qui sert le texte avec brio.
Maëlys Ricordeau interprète alors ces deux faces d'une même femme et propose, parallèlement à cette mise en scène riche et multiple, un jeu de simplicité et de finesse. Les mots se suffisent et, portée par ce texte d'une rare puissance, elle délivre une interprétation d'une extrême justesse, toujours sur le fil, au bord du gouffre, débarrassée de tout artifice d'acteur·ice pour faire grandir le sentiment nu, pur. Laissant à la fin un public tremblant, ému.
Pauline Peyrade et Das Plateau offrent une performance politique, en replaçant la parole au centre, entre les bonnes mains, faisant de ce témoignage de fiction une réponse au manque de considération aparté à la parole des femmes en dehors de la salle de théâtre.
Léa Simmonet, Manifesto XXI • lire l'article
Extraits de presse sur le texte
“Elle sculpte les textes avec ce qui est là, mais nous a été rendu invisible. La trentaine à peine passée, elle s’impose comme l’une des plumes les plus radicales du théâtre contemporain. (...) Pauline Peyrade ressemble à son écriture : intense, structurée, mystérieuse. L’intelligence prudente. A né sur les bancs des meilleures écoles européennes, son travail commence à s’imposer dans le paysage théâtral. Comme Poings, sa dernière pièce, sélectionnée au Grand Prix d’écriture dramatique d’Artcena. On plonge dans ses texte comme dans une nuit sans sommeil, sans trop savoir ce que l’on trouvera ni ce que l’on apprendra de soi-même.”Alice Ramond - Mouvement
“Sur un dance floor, Toi et Moi rencontrent l’homme aux mains immenses, Lui. Au milieu de la piste, Lui danse avec Toi sous l’œil de Moi qui est comme le regard intérieur de Toi, son garde-fou, sa face cachée, son conseil, celle qui observe au dedans ce que l’autre vit, son double, sa meilleure amie ou encore sa mauvaise conscience. Il y a quelque chose d’irrésistible dans cette rencontre. Oui mais quelle rencontre ? Celle qui relie Toi à Moi et inversement, ou celle qui relie Toi à Lui ou Lui à Moi ? La pièce multiplie les courts-circuits, les chevauchements. L’attirance réciproque qui ne va pas sans une mâle violence grandissante. (...) En écrivant Poings, Pauline Peyrade fait une fois de plus preuve d’une écriture des plus singulières qui met en scène et explore ici les arcanes du vertige intérieur qui peut aller de la pétri cation à la fuite en passant par la tétanisation de l’instant.”Jean-Pierre Thibaudat - Médiapart